APICIL AM - Lettre mensuelle mai 2023. La maison n’a pas brûlé*

09/05/2023 - source : Patrimoine 24

L’incendie des banques régionales continue de s’étendre en ce début mai. Après, SVB et Signature Bank en mars, First Republic en avril, c’est Pacwest en mai qui suscite les inquiétudes. L’indice des banques régionales américaines a déjà perdu 25% depuis le début de l’année.

La bonne nouvelle pour les marchés semble être, que les investisseurs font désormais le distinguo, entre les banques régionales moins régulées et au contrôle des risques plus fragiles d’un côté, avec de l’autre les grandes banques internationales dont les activités sont diversifiées et mieux contrôlées. Sans complètement disparaitre de l’écran radar des marchés, la crise bancaire des banques régionales inquiète donc moins les investisseurs, qui, en avril, ont davantage prêté attention aux évolutions sémantiques des discours des banquiers centraux et aux publications macroéconomiques. Ces deux derniers facteurs n’ont pas réservé beaucoup de surprises, ce qui explique la poursuite de la baisse de la volatilité en avril. Les écarts de cours sont restés très limités à la fois sur les actions et les taux, de part et d’autre de l’Atlantique.

Le PIB de la Zone euro est ressorti en progression de +0.1% sur le premier trimestre après une contraction de -0.1% au dernier trimestre (chiffre révisé). Les détails de la croissance ne sont pas encore connus, mais si l’on analyse les données pour la France (+0.2% après 0% au 4 ème trimestre 2022), on constate que le moteur de la consommation des ménages (0% contre -1% au précédent trimestre) est à l’arrêt, pénalisé par la baisse de la consommation alimentaire (-2.3%). L’investissement des entreprises commence à se contracter (-0.2% après 0%), ce qui peut témoigner d’un début de difficultés concernant le financement des entreprises. La dernière étude de la BCE illustre ce propos sur les conditions de financement et montre une forte baisse de la demande de crédit par les entreprises de la Zone euro. L’économie du continent est ainsi frappée de plein fouet par les conséquences de la hausse des prix (rabotant le revenu réel et la consommation des ménages) et des taux d’intérêt (pénalisant le financement des entreprises). Paradoxalement, la sanction au niveau de la croissance est encore limitée et la tendance ne s’annonce pas des plus inquiétantes avec des enquêtes d’activité dans les entreprises qui restent bien orientées (PMI composite de la Zone euro à 54.1 en avril). De même, au niveau de la confiance des ménages, qui, toujours globalement négative, se redresse significativement depuis fin septembre.

Le ralentissement économique se fait donc en douceur, et rien n’indique qu’il doive s’accentuer, ce qui a rassuré les investisseurs en avril. Le constat est le même aux Etats-Unis avec une croissance au premier trimestre (+0.3%) impactée négativement par le manque de dynamisme de l’investissement et par le déstockage des entreprises qui anticipent une demande moindre. A la différence de la Zone euro, la consommation des ménages est toutefois restée un facteur de soutien (+3.7% au 1 er trimestre contre +1% précédemment).

Sur le front de l’inflation en Zone euro, facialement, les chiffres s’améliorent avec une première baisse en Zone euro de l’inflation « core » (5.6% contre 5.7% en mars). Cependant, le prix des services continue à progresser (5.2% en avril +0.1%) illustrant la force des pressions inflationnistes qui ne se limitent plus, depuis bien longtemps, à ne refléter que la hausse du prix de l’énergie. En dépit du risque de voir l’inflation en Zone euro poursuivre une trajectoire plus élevée dans les trimestres à venir, la BCE a fait le choix, ce jeudi, de réduire l’ampleur de ses relèvements de taux (25 bps) arguant que l’impact des hausses de taux passées n’était pas encore pleinement transmis à l’économie.

Les marchés bénéficient actuellement d’une visibilité un tant soit peu meilleure qu’à l’accoutumée sur l’évolution de la politique monétaire et sur l’économie ce qui explique la baisse de la volatilité sur les dernières semaines. Nous identifions toutefois deux risques à suivre dans les semaines à venir. Tout d’abord, le risque que l’inflation (en Zone euro surtout) poursuive une trajectoire moins lisible du fait d’une poursuite de la hausse des prix alimentaires et du prix des services. Ensuite, nous sommes étonnés de la robustesse des indicateurs d’activité si nous les mettons en relation avec les enquêtes sur l’accès au crédit, qui montre comme nous l’avons dit, une baisse très importante de la demande de crédit. Ainsi, nous identifions un risque de ralentissement économique plus important qu’anticipé au cours du second semestre.

(*) voir la lettre mensuelle d’avril

 

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