Dans une analyse publiée dans sa remarquable lettre d’information mensuelle Terre d’épargne, Pictet AM souligne que l’épargne française va être davantage fléchée vers le financement d’entreprises non cotées.
Pour financer le développement des PME et des ETI non cotées en Bourse, la loi Industrie verte d’octobre 2023 prévoit de solliciter une partie de l’épargne placée dans les contrats d’assurance-vie et les plans d’épargne retraite.
« L’épargne des Français, explique le responsable de Terre d’épargne, représente une réserve d’argent importante. Les pouvoirs publics entendent orienter cette ressource vers le soutien de causes identifiées comme prioritaires. Transition énergétique, logement social, développement des entreprises, les domaines nécessitant un financement sont nombreux. L’encours de l’assurance-vie en France peut partiellement répondre à ce besoin. »
La loi Industrie verte prévoit qu’une partie des primes versées sur les contrats d’assurance-vie en gestion « pilotée » profite aux entreprises non cotées. Ce fléchage vers le private equity – dit aussi « capital-investissement » – a pour objectif de financer l’économie « réelle ».
Les PME et les ETI non cotées sont visées. Elles manquent de ressources pour financer leur développement. Un financement pourtant capital pour le dynamisme économique des territoires, l’emploi et la compétitivité tricolore. « Les primes versées à compter du 24 octobre 2024 sur un contrat d’assurance-vie, fait observer le professionnel, sont concernées. »
Fin 2023, l’encours de l’assurance-vie s’élevait à 1.923 Md€, investi selon France Assureurs à hauteur de 75 % en fonds en euros et à concurrence de 25 % en unités de compte.
Une diversification cohérente
Si le fléchage vers le private equity s’applique aux primes versées sur les contrat d’assurance-vie faisant l’objet d’une gestion « pilotée » à compter du 24 octobre 2024, le stock « préexistant » ne relève pas du nouveau dispositif. Pour les futurs épargnants au profil d’allocation « équilibré », la quote-part devra s’élever à 4 % d’actifs non cotés. Pour les contrats détenus par des profils « dynamiques », cette part devra s’élever à 8 %.
« Pour l’heure, fait encore remarquer l’expert en épargne, les profils d’investissement prudents ne sont pas concernés par ce fléchage minimal. »
En revanche, tous les plans d’épargne retraite le sont, et ce dans des proportions variables en fonction du profil de gestion et de l’horizon d’investissement. Ainsi la quote-part d’actifs non cotés à intégrer pour le profil « prudent » doit-elle au minimum représenter de 2 % à 6 % des investissements.
En outre, plus l’échéance de la retraite est proche, moins le PER a vocation à être exposé aux actifs non cotés…
Pour un profil d’épargnant « équilibré » (applicable par défaut), le quota d’actifs non cotés à intégrer doit représenter de 3 % à 8 % des investissements. Pour le profil « dynamique », le quota d’actifs non cotés oscille entre 5 % à 12 %. En gestion pilotée « offensive », les seuils évoluent entre 6 % et 15 %.
A noter que, là aussi, la réforme porte sur les plans ouverts à compter du 24 octobre 2024. Le rédacteur de Terre d’épargne conclut son analyse de la façon suivante : « Le private equity est considéré comme une classe d’actifs risquée en raison du risque de perte en capital induit. En contrepartie, il présente des perspectives de performance potentiellement élevée à long terme. La diversification des portefeuilles apparaît cohérente avec la préparation de la retraite. »
ML