La Financière de L'Arc - Les marchés redoutent une nouvelle récession

09/09/2024 - source : Patrimoine 24

Retrouvez le point sur le marché et sur ses chiffres clés économiques et financiers.

Arnaud_Benoist_VidalArnaud BENOIST-VIDAL, Gérant d’actifs

C’est la rentrée et le mot qui circule actuellement le plus dans les salles de marché n’est pas « vacances » mais « récession ». En ces temps de ralentissement économique, les investisseurs voient le verre à moitié plein et redeviennent, comme en 2023, allergiques à tous les signes de faiblesse d’activité.

Il faut dire que la saisonnalité est souvent défavorable sur les actions en septembre. La performance moyenne mensuelle de l’indice S&P 500 a été tout le temps négative depuis 2020 et a été en moyenne négative de 0,98% depuis 1979. Ainsi, on peut observer depuis les 44 dernières années, 24 performances mensuelles négatives avec une moyenne de -4,32% contre 20 performances mensuelles positives avec une moyenne de +2,98%. De surcroît, après un mois d’août particulièrement volatil avec un mini krach à la bourse de Tokyo, suivi par un fort rebond des marchés permettant à plusieurs indices actions de tutoyer leur précédent record, il est bon de prendre quelques bénéfices, sans toutefois céder à la panique. Tout recul jugé excessif de titres de qualité devrait constituer, selon nous, une opportunité d’investissement.

La sélectivité et le biais défensif après un fort rebond apparaît comme une stratégie de bon sens. Malgré un environnement global en croissance, certains signaux ont viré au rouge et ne pe vent pas être ignorés, même par les plus optimistes. L’emploi américain est le sujet de préoccupation première. La hausse du chômage de juillet à 4,3% avait particulièrement inquiété la communautéfinancière. Pourtant, il convient de tenir compte des aléas climatiques, fortement impactés par l’ouragan Béryl. Les données d’août devront donc démontrer s’il s’agit d’une nouvelle tendance de fond ou si c’était un accident. Néanmoins, nous sommes moins optimistes sur ce point depuis que le nombre d’emplois offerts aux États-Unis a chuté en juillet à 7,67 millions, soit le niveau le plus bas depuis janvier 2021. Le fameux ratio d’emplois offerts pour chaque chômeur est de facto revenu à 1,1 contre 2 au printemps 2022, au plus fort des tensions sur le marché du travail. L’indice ADP de variation d’emplois en entreprises pour le mois d’août a été positif de seulement 99 000, également au plus bas depuis janvier 2021. Néanmoins, nous ne sommes toujours pas encontraction, car le nombre d’employés dans la population active se maintient à plus de 161 millions,bien au-delà des 159 millions d’avant la pandémie. De plus, les nouvelles demandes d’allocations chômage restent très faibles, à 227 000 au 31 août, soit bien inférieur à la moyenne d’avant le Covid. La première conclusion est que les tensions sur le marché du travail ont disparu, car les entreprises embauchent beaucoup moins, mais ne licencient toujours pas massivement. La thèse du ralentissement économique tient donc toujours.

Néanmoins, ces faibles chiffres confortent la Fed d’initier un cycle d’assouplissement monétaire le 18 septembre, surtout depuis que Jerome Powell a déclaré à Jackson Hole que l’institution monétaire n’accueillait plus favorablement toute faiblesse supplémentaire du marché du travail. Les conséquences de ces futures baisses de taux sur la valorisation des actifs financiers sont positives, avec une augmentation des multiples. Contrairement à ce que l’on pense, la période de un à deux mois avant et après la première baisse des taux de la Fed est historiquement défavorable pour les marchés actions, car les investisseurs redoutent le pire. Cette faiblesse est vite corrigée en cas de résilience économique, comme démontrée dans notre édito de la semaine dernière, avec les statistiques historiques des performances de l’indice S&P 500 lors des huit derniers cycles d’assouplissement monétaire. Malheureusement à ce jour, le débat n’est pas encore tranché. Cela explique les craintes excessives du marché à la moindre faiblesse, comme un indice PMI manufacturier légèrement révisé en baisse en août à 47,9 contre 48 précédemment et un ISM manufacturier d’août en hausse sur le mois précédent à 47,2 contre 46,8, mais inférieur aux attentes à 47,5. Cette angoisse n’a pas disparu, malgré des indicateurs PMI et ISM des services en hausse et supérieurs au consensus. Rien n’est perdu et restons pragmatiques dans nos investissements, mais sélectifs et défensifs. 

 

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Par Arnaud BENOIST-VIDAL, Analyste macroéconomique, Gérant du fonds Arc Actions Santé Innovante ESG

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