Mandarine Gestion - Comment l’égalité femmes-hommes est devenue un enjeu clé du « S » de l’ESG

25/05/2021 - source : Patrimoine 24

L’attention grandissante portée à l’égalité femmes-hommes et le renforcement du nombre de femmes dans les fonctions dirigeantes sont devenus des enjeux sociaux-économiques clés qui intéressent de plus en plus les investisseurs.

Selon les dernières études de McKinsey, les entreprises qui s'engagent à diversifier leur direction obtiennent de meilleures performances financières.

Les entreprises plus diversifiées sont mieux à même d'attirer les meilleurs talents et d'améliorer la satisfaction des employés et la prise de décision, ce qui entraîne un cycle vertueux de rendements croissants. Les entreprises qui se situent dans le quartile supérieur en matière de diversité des sexes ont ainsi plus de probabilité d’obtenir un rendement financier supérieur à la médiane de leur secteur d'activité national respectif (graphique 1, Source McKinsey).

L’image de marque de l’entreprise sera elle aussi impactée par la gestion de l’égalité femmes-hommes. Le risque de réputation est fort - le nombre de controverses en lien avec les inégalités de genre a été multiplié par 6 en 3 ans (graphique 2, Source Reprisk).

Les entreprises intègrent donc de plus en plus ces questions sociales dans leurs feuilles de route, avec des objectifs de diversité renforcés notamment sur une plus grande représentation des femmes à tous les niveaux et la réduction de l’écart de rémunération entre les sexes. Le rapport mondial annuel 2021 d’Equileap1 sur l’égalité des sexes précise cependant que si la majorité des groupes ont une politique anti-harcèlement, aucun n'a réellement comblé l'écart salarial entre les hommes et les femmes, et seules 10 entreprises2 sur celles étudiées parviennent à un équilibre entre les sexes à tous les niveaux (conseil d'administration, direction, cadres supérieurs et personnel).

L’instauration d’index et de quotas favorise la place des femmes au sein de l’entreprise, mais malgré les sanctions les résultats varient.

Selon le dernier bilan de l’index égalité professionnelle3 femmes-hommes, 98% des entreprises ont des marges de progrès (surtout en matière d’augmentation au retour de congé maternité et de présence des femmes dans les dix plus grosses rémunérations) et seul un quart des organisations a au moins quatre femmes parmi son Top 10 des rémunérations.

En France, la loi Copé-Zimmermann (imposant un minimum de 40% de femmes dans les conseils d'administration) a été un succès puisque les femmes occupent actuellement 45,8% des postes d'administrateur, contre seulement 12,5% en 2010, avant son introduction. Le Haut Conseil à l'égalité (HCE) appelle à étendre cette mesure aux comités exécutifs et de direction. Actuellement, seuls 22% des membres du comité exécutif sont des femmes dans les entreprises françaises de l'indice SBF120. 

La France n’est pas le seul pays à se pencher sur la question des quotas dans les Comex. En novembre dernier, le gouvernement allemand a imposé un quota obligatoire dans les comités exécutifs des sociétés cotées en Bourse :  les directoires devront obligatoirement compter une femme à partir du moment où ils sont composés de trois membres. Seul le Royaume-Uni fait figure d’exception avec 36,2% de femmes dans les conseils d'administration sans système de quota obligatoire. 

Le constat est sans appel : une législation forte entraîne une meilleure égalité des sexes dans l’entreprise.

Selon une nouvelle étude du Forum économique mondial4, la Pandémie de la Covid-19 retardera de plus d’une génération les progrès pour atteindre la parité femmes-hommes. Cependant, avec une réglementation favorable et l’engagement de l’ensemble des parties prenantes, le sujet est devenu une priorité pour les entreprises et sa prise en compte ne peut que progresser.

1 Le quatrième rapport mondial annuel 2021 sur l’égalité des sexes d’Equileap présente le top 100 des entreprises qui obtiennent les meilleurs résultats allant de l’égalité de rémunération et de la représentation des femmes à tous les niveaux de l’entreprise au congé parental payé et aux politiques de lutte contre le harcèlement sexuel. Dix-neuf critères différents ont été retenus par Equileap pour classer 3702 firmes étudiées dans 23 marchés. 2 Les 10 entreprises classées par l’etude Equileap sont : Groupe AIB, Air New Zealand, Assura, Coty, DNB, Gecina, Mercialys, Hang Seng Bank, Klovern et Wallenstamp. 3 L’Index égalité professionnelle femmes-hommes (connu aussi sous les noms Index Egapro ou Index Égalité) est un baromètre des discriminations liées au genre. Depuis un an – deux ans pour les plus grandes –, les entreprises de plus de cinquante salariés ont ainsi l’obligation de calculer et publier, au 1er mars, leur note sur 100 en matière d’égalité femmes-hommes.Quatre à cinq indicateurs sont pris en compte, chacun apportant un certain nombre de points : écart de rémunération, écart de répartition des augmentations individuelles, celui des promotions (dans les entreprises de plus de 250 salariés), pourcentage de salariées augmentées à leur retour de congé de maternité et enfin, parité dans les dix plus hautes rémunérations.4 Global Gender Gap Report 2021, étude publiée le 30 mars 2021.

Joyce STEVENSON, Analyste ESG

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