PER : penser aux versements de fin d'année !

22/12/2021 - source : Profession CGP

Verser sur son PER avant la fin de l’année : c’est le conseil de Yasmine Molina, responsable actuariat produits vie chez Swiss Life, et Louis Jambut, responsable de la gestion Multi-Asset chez Swiss Life Asset Managers France, pour réduire les impôts de l’an prochain…

  Quel est l’intérêt d’effectuer un versement sur son PER avant la fin de l’année ?

Yasmine Molina :  À quelques jours de la fin de l’année, il est encore temps de placer quelques économies sur un Plan d’Epargne Retraite (PER). En effet, ce produit d’épargne – de long terme – offre une déduction fiscale attractive, puisque les sommes placées cette année vous permettent de réduire l’impôt sur le revenu de l’année prochaine. Bien entendu, plus votre tranche marginale d’imposition est élevée, plus l’économie d’impôt, que vous réaliserez l’année suivante, sera conséquente. En outre, au-delà de l’effort d’épargne réalisé, en capitalisant sur l’avantage fiscal acquis à l’entrée, vous boostez la performance de votre épargne et faites fructifier les sommes investies sur des supports proposant des perspectives de rendement cohérentes avec une durée d’investissement longue.

 

Les versements effectués cette année sont-ils soumis au plafond fiscal de 10 000 euros ?

Y.M : Non, Le PER n’est pas une niche fiscale, et ne vient donc pas grever les 10 000 euros par an et par foyer fiscal. Il s’agit d’un plafond propre dit « Epargne Retraite », plus avantageux, et dont les sommes déductibles dépendent du statut de l’épargnant : salariés ou travailleurs non-salariés (TNS). En effet, les salariés peuvent déduire 10 % de leurs revenus issus de leur activité professionnelle déclarés l’année précédente, dans la limite de 32 909 euros. S’agissant des TNS, ils peuvent déduire 10 % de leur bénéfice imposable de l’année en cours et ce, dans la limite de 76 102 euros. En outre, si le plafond n’est pas atteint, l’épargnant, qu’il soit salarié ou TNS, peut bénéficier du report du plafond de déduction non consommé des trois précédentes années. De même, ce plafond est mutualisable entre conjoints. 

 

Le PER permet de se constituer un supplément d’épargne pour sa retraite. Dans ce cadre, n’est-il pas risqué de placer ses économies sur les marchés financiers ?

Louis Jambut : Beaucoup de détenteurs d’un PER ont des horizons d’investissement de 15, 20, 30 ans. Or, lorsqu’on investit sur une longue période, il est conseillé de s’orienter vers des placements plus rémunérateurs. Si à court terme, les marchés financiers traversent des épisodes de volatilité et des corrections violentes, comme celle de mars 2020, on remarque que ces baisses sont corrigées relativement rapidement en comparaison de ces horizons très longs. Ces corrections de marché peuvent par surcroît présenter des opportunités d’investissement attractives : historiquement les marchés actions offrent des performances attractives sur longue période et une espérance de rendement positive, particulièrement après une baisse. Plus la période d’investissement sera longue, plus les rendements pourront être élevés, puisque les gains sont capitalisés et l’impact à très long terme n’est pas négligeable. En outre, en se forçant à épargner à un rythme régulier, au travers de versements programmés par exemple, l’épargnant va lisser son point d’entrée et réduire ainsi le risque global de son portefeuille.

 

Le PER permet de se constituer un patrimoine au fil des ans. Mais les sommes qui ont été défiscalisées lors des versements sont fiscalisées lors du dénouement du placement. Ne perd-on pas le bénéfice de l’avantage fiscal réalisé au préalable ?

Y.M : Certes, le PER est fiscalisé à la sortie mais pour la plupart des épargnants qui partent à la retraite, nous partons du principe que le taux marginal appliqué à la sortie sera plus faible que celui dont ils bénéficiaient à l’entrée (revenus inférieurs à ceux pendant la vie active). Par ailleurs, dans le cas d’une sortie du PER en capital (la sortie en rente est également possible), l’épargnant a la possibilité de lisser son impact fiscal en demandant un fractionnement du versement dudit capital afin d’éviter d’avoir à régler un impôt trop élevé.

 

Quelle stratégie d’investissement adopter sur longue période ? Comment l’épargnant, qui n’est pas un professionnel de la finance, peut-il s’y retrouver pour faire les bons choix ?

L.J : Certains épargnants désirent s’occuper eux-mêmes de leur allocation. Ils vont s’orienter vers la gestion libre. Mais nous proposons également des allocations préconstruites, dont la sélection de fonds est encadrée réglementairement, permettant à chaque client de respecter le profil de risque défini avec son conseiller (prudent, équilibré, dynamique). En fonction du profil choisi, des grilles d’allocation calibrées en termes de risque/rendement sont définies. La particularité de ces grilles est de désensibiliser progressivement le risque de l’allocation pour s’adapter à l’horizon de placement qui se rapproche et sécuriser une partie des gains. Ainsi en pilotant cette désensibilisation, nous permettons à nos clients d’optimiser leur allocation et de bénéficier des placements les plus adaptés à leur profil, à leur âge ainsi qu’aux conditions de marché. En effet, lorsqu’un épargnant dispose d’un horizon de placement lointain, une allocation adaptée, même pour un profil prudent, doit être investie pour une large part en actions. Ce n’est pas le cas si le client dispose d’un horizon de placement beaucoup plus court.