Vontobel AM - Comme le cholestérol, l’inflation n’est pas forcément mauvaise

02/09/2021 - source : Patrimoine 24

L’inflation est souvent perçue comme un véritable fléau, surtout lorsqu’elle devient incontrôlable, ainsi qu’on a pu le voir récemment au Zimbabwe. Un salaire qui perd une grande partie de sa valeur en une nuit et c’est toute une économie qui risque le marasme, et la révolution. Toujours hantée par le souvenir de l’hyperinflation des années de guerre, l’Europe voit la moindre poussée des prix d’un très mauvais œil. Et pourtant, comme pour le cholestérol, l’inflation peut avoir du bon.

scott danIl est sain pour une économie d’afficher un peu d’inflation. C’est là la preuve d’une solide croissance de l’économie, des bénéfices des entreprises et des salaires. Cette inflation-là, nous en avons besoin autant que des lipoprotéines de haute densité, le « bon » cholestérol qui nettoie notre sang.

Depuis la crise financière mondiale, les banques centrales cherchent désespérément à attiser l’inflation, en vain. Une hausse modérée des prix en période de reprise économique (de l’ordre de 4 à 5% maximum en rythme annuel) permet aux autorités monétaires d’abaisser les taux lorsqu’une récession se présente. Mais les tendances déflationnistes à contre-courant liées à la numérisation, au vieillissement de la population et à la mondialisation se révèlent systématiquement plus puissantes que les efforts des banques centrales.

Jusqu’à il y a peu, les pays industrialisés étaient convaincus qu’une inflation supérieure à 10% appartenait au passé. De tels niveaux n’avaient été observés qu’en temps de guerre, entre 1800 et la Seconde Guerre mondiale, puis à nouveau lors des « chocs pétroliers » des années 1970. Les banques centrales se sont ainsi vues contraintes de repenser leur approche de politique monétaire. Les poussées inflationnistes récentes seraient-elles la conséquence des mesures exceptionnelles adoptées par les grandes banques centrales de ce monde ?

Une dette moins coûteuse à l’avenir

Les pressions inflationnistes haussières que nous avons constatées ces derniers mois s’expliquent encore majoritairement par les effets de base, les tendances saisonnières et les difficultés à accroître la capacité de production de moteurs économiques par ailleurs bien huilés. Quand bien même cette tendance s’avérerait bien plus qu’une simple anomalie, nous n’y verrions rien de très inquiétant pour autant que la hausse reste sous contrôle. Après tout, l’inflation peut être un fléau mais, lorsqu’elle reste modérée, elle est aussi le signe d’une activité économique vigoureuse. A noter également qu’une inflation maîtrisée peut contribuer à réduire la dette publique. Il peut s’avérer plus facile de rembourser une dette d’un milliard de dollars, par exemple, dans un environnement inflationniste, dès lors que l’inflation fait baisser la valeur au fil du temps.

C’est la déflation qu’il faut craindre, pas l’inflation

Il ne faudrait pas oublier que le mouvement inverse de l’inflation, à savoir la déflation, est bien plus dévastateur. On ne lui connaît d’ailleurs pas d’avantages. Lorsque les prix baissent de manière continue, rien n’incite les consommateurs à dépenser. En réponse, les entreprises réduisent leurs coûts et licencient des travailleurs, amorçant une spirale baissière particulièrement néfaste. On le sait, les tendances déflationnistes sont très difficiles à briser. Voilà des années que le Japon, la troisième économie au monde, se bat contre la déflation et tente par tous les moyens de freiner la baisse des prix. Et c’est justement cette « japonisation » de l’économie mondiale que les banques centrales et les gouvernements occidentaux veulent à tout prix éviter. En inondant le système économique mondial de liquidités, ils visent à relancer quelque peu l’inflation. S’ils y parviennent, nous pourrions goûter à nouveau à l’ambiance des années folles du siècle dernier. Dans le cas contraire, il faudra peut-être se préparer à vivre, comme les Japonais, une décennie perdue.

Pour consulter l'article de Dan Scott, Chief Investment Officer, Head of Impact & Thematics dans son intégralité, cliquez ICI.

 

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