Vontobel - Cinq raisons de se focaliser sur les actions A chinoises

12/11/2021 - source : Patrimoine 24

Nous avons tendance à accorder plus d’attention à l’actualité brûlante qu’aux tendances à long terme bien connues. Et ce notamment dans le cas de décisions d’investissement. Ce phénomène psychologique, décrit par le prix Nobel Daniel Kahneman dans son best-seller « Thinking fast and slow », est le « biais de récence ». Dans ce contexte, la volatilité suscitée par les réactions court-termistes du marché peut générer des opportunités permettant de se positionner sur des investissements de long terme à bas prix.

La Chine bénéficie d’un argumentaire d’investissement de long terme solide et l’actualité concernant les récents événements, tels que les tensions commerciales avec les Etats-Unis et les nouvelles réglementations, a monopolisé l’attention des médias et des investisseurs. Cinq raisons clés incitent toutefois à considérer le pays comme un vivier d’opportunités d’investissement.

1.La Chine, superpuissance économique et moteur de la croissance mondiale (en plein essor) 

Pour la Banque mondiale, le rythme de croissance de la Chine correspond à l’expansion soutenue la plus rapide de l’histoire pour une grande économie : elle est la deuxième économie au monde et, avec une population de 1,4 milliard de personnes, elle représente environ 18% de l’humanité. Depuis que la Chine a commencé à ouvrir son économie et à la réformer en 1978, la croissance du PIB a atteint en moyenne près de 10% par an et plus de 800 millions de personnes sont sorties de la pauvreté. Même si elle a récemment marqué le pas, l’économie chinoise affiche une croissance de 6 à 7% par an, ce qui reste élevé par rapport à la plupart des économies à revenu intermédiaire. Ce taux de croissance est environ deux fois plus élevé que celui des autres grandes économies. De ce fait, la Chine devrait contribuer à plus de 20% de la croissance économique mondiale au cours des cinq prochaines années, selon les prévisions du FMI.

(Notons par ailleurs que la Chine était déjà la plus grande économie au monde en 1820, représentant environ 32,9% du PIB mondial, selon une étude réalisée par l’économiste Angus Maddison. Les guerres civiles et extérieures, les conflits internes, l’inefficacité des gouvernements, les catastrophes naturelles (parfois causées par l’homme) et les politiques économiques néfastes ont entraîné une baisse significative de la part de la Chine dans le PIB mondial, calculée en parité de pouvoir d’achat (PPA).)

Source: https://sgp.fas.org   https://www.worldbank.org

2. D’un leader manufacturier à un pionnier de l’innovation

Depuis son ouverture économique en 1978, la Chine est devenue le plus grand négociant international de produits manufacturés et le deuxième négociant de services (Source : OMPI), et par conséquent, le premier exportateur au monde. Grâce aux réformes économiques et à la libéralisation du commerce et des investissements, la Chine est devenue une grande puissance commerciale. Au cours des deux dernières décennies, les exportations chinoises ont grimpé de 17% par an en dollars. Au total, les exportations de marchandises chinoises sont passées de 14 milliards USD en 1979 à 2.590 milliards USD en 2018 et ont ainsi été multipliées par 185. Quant aux importations de marchandises, elles sont passées de 18 milliards USD à 2.100 milliards USD (x116,6). La valeur de la production chinoise en valeur ajoutée brute dépassait celle des Etats-Unis de 49,2% en 2016. in 2016.

Source: https://www.everycrsreport.com

Mais l’histoire se poursuit et la prochaine transformation de la Chine est déjà bien engagée. Les services ont déjà supplanté l’industrie manufacturière comme principale part du PIB et constituent désormais la plus forte contribution à la croissance de ce dernier. La Chine est par ailleurs parvenue à réinventer son profil économique, passant du statut de leader de la production manufacturière à celui de champion de l’innovation, fortement axé sur les nouvelles technologies. Le pays et ses entreprises comptent parmi les leaders de secteurs d’avenir, tels que le commerce électronique, l’intelligence artificielle, la fintech, les trains à grande vitesse, les énergies renouvelables, les voitures électriques, la 5G, la Blockchain et l’énergie solaire. Par conséquent, la République populaire de Chine a également été la plus grande source de demandes de brevets internationaux au monde en 2020 pour la deuxième année consécutive, après avoir relégué les Etats-Unis au second rang en 2019 et creusé l’écart en 2020. Elle a déposé 68.720 demandes de brevets, contre 59.230 pour les Etats-Unis. Le taux de croissance a été plus élevé en Chine, avec une hausse de 16,1% en glissement annuel, contre 3% pour les Etats-Unis. C’est en 2019 que la Chine a pour la première fois détrôné les Etats-Unis de la première place. Les dépenses totales en R&D de l’Empire du Milieu représentent environ 20% du chiffre mondial. Par conséquent, investir en Chine permet d’accéder aux leaders des technologies qui façonneront le monde de demain.

Source: https://www.cnbc.com

Comment tout cela a-t-il été possible ? Plusieurs facteurs soutiennent cette tendance : Avec ses 1,4 milliard de citoyens, la Chine dispose d’un vaste marché intérieur qui offre aux entreprises technologiques innovantes un large champ d’action pour atteindre une taille critique. Le gouvernement chinois a la ferme volonté de soutenir ses moteurs de croissance et dispose de l’autorité nécessaire pour mettre en place une politique industrielle et fournir les infrastructures nécessaires à cette fin. En outre, des projets internationaux tels que la Nouvelle route de la soie (« Belt and Road Initiative ») ont ouvert de nombreuses portes pour gagner des parts de marché en Asie et dans la région EMOA. Il s’agit là, selon nous, de conditions très favorables qui devraient permettre aux leaders innovants de se faire une place et de se développer.

Source: https://www.reuters.com   https://www.cigionline.org

3. Deux piliers de croissance continue ou la « double circulation »

Depuis l’ouverture de son économie au commerce extérieur en 1978, la Chine a parfaitement réussi à faire des exportations le principal catalyseur de sa croissance. S’il s’agit d’une formidable réussite, elle a également exposé la Chine aux vulnérabilités inhérentes à l’intégration du commerce international. Par conséquent, la stratégie chinoise de la « double circulation » met désormais davantage l’accent sur le marché intérieur (ou la circulation interne) afin d’être moins dépendante d’une économie mondiale de moins en moins favorable et des politiques étrangères des autres pays. La Chine vient d’entamer son 14e Plan quinquennal d’investissements ciblés visant à soutenir la croissance intérieure. Au cœur même de sa stratégie, ce plan a pour objectif de doper la consommation afin de soutenir le développement économique du pays.

La stratégie de double circulation reflète son ambition de longue date de devenir plus autonome et passe par le développement de son vaste marché intérieur de 1,4 milliard de consommateurs en tant que principal moteur de croissance et par l’augmentation constante de la part de la population appartenant à la classe moyenne disposant de moyens suffisants pour intensifier la consommation. Depuis 2006, la Chine est parvenue à augmenter sa classe moyenne de 60 millions d’individus en moyenne chaque année, soit pas moins de l’équivalent de la population italienne. En termes relatifs, l’Etat chinois connaît l’expansion de la classe moyenne la plus rapide jamais observée au monde. Selon des projections récentes, environ 1,2 milliard de Chinois feront partie de la classe moyenne d’ici 2027, ce qui représente un quart du total mondial. Cela pourrait renforcer la confiance des investisseurs vis-à-vis de la solidité économique de la Chine et de sa capacité à poursuivre sa croissance grâce à un nouveau catalyseur.

Source: https://www.mckinsey.com

4. Une hausse de la demande d’actions chinoises se profile à l’horizon

Pour les investisseurs en actions, un autre élément pertinent entre en jeu lors de la décision d’investissement, à savoir la valorisation et d’autres indicateurs concernant l’offre et la demande futures des actions concernées. A cet égard, plusieurs faits intéressants méritent l’attention des investisseurs : En 2020, la part de la Chine dans le PIB mondial était d’environ 18%, tandis que sa part dans la capitalisation boursière mondiale n’était que de 12% environ, et ce même avant la chute observée en 2021. Compte tenu de la forte croissance du pays, cela signifie que le marché actions chinois n’est pas excessivement onéreux. En outre, les actions semblent être sous-détenues par les ménages chinois (8%) par rapport aux actions détenues par les ménages dans les pays développés (25% aux Etats-Unis). La Chine est par ailleurs également « sous-détenue » par les investisseurs étrangers, puisqu’ils ne détiennent que 3% du marché chinois au sens large. La demande émanant des stratégies d’investissement guidées par les indices boursiers pourrait également augmenter. En effet, le facteur d’inclusion MSCI pour les actions chinoises devrait passer de 20% actuellement à 100% en 2026*. A lui seul, cet élément pourrait conduire à des entrées de capitaux pouvant atteindre 240 milliards USD, ce qui constituerait une source considérable de demande d’actions. Si l’on considère ces différents facteurs, les perspectives de hausse de la demande d’actions chinoises semblent plutôt prometteuses.

5. Une exposition aux actions A chinoises peut faire baisser le risque d’un portefeuille

De nombreux investisseurs considèrent encore les actions A chinoises comme une composante relativement risquée au sein de leur portefeuille. Mais si ce dernier est bien diversifié, elles peuvent même en faire baisser le risque global. Les actions A chinoises sont en effet faiblement corrélées aux marchés boursiers internationaux et présentent une forte dispersion des rendements, ce qui rend cette classe d’actifs attrayante pour diversifier le portefeuille sans diluer les rendements moyens. En outre, l’univers des actions A chinoises est vaste et couvre de nombreux secteurs et entreprises. Il offre donc une plus grande diversification sectorielle que celle obtenue par le biais d’actions cotées à Hong Kong. Il offre même un accès unique à certains secteurs.

Un parcours fait de hauts et de bas

En 2021, les actions chinoises se sont montrées assez volatiles en raison de plusieurs événements récents sur le marché qui ont pris les investisseurs par surprise. Leur parcours peut parfois faire songer à des montagnes russes. S’il est toujours bon de garder un œil sur l’impact à long terme de tels événements, l’opportunité sous-jacente que représente la Chine demeure intacte. Ce géant économique doté d’une consommation en hausse, par ailleurs numéro un de la production, rayonne de plus en plus à travers le monde et abrite de nombreux leaders innovants dans le domaine des nouvelles technologies. En outre, les actions chinoises sont quelque peu boudées par les actionnaires locaux et étrangers. Avec le recul, les phases de volatilité de marché s’avèrent souvent être le moment opportun pour saisir ces opportunités à un prix décoté. N’oubliez pas que le bon moment pour prendre place dans une montagne russe, c’est lorsque le train est en bas, juste après avoir opéré une descente vertigineuse.

Par Roger Merz, Head of mtx Portfolio Management, Senior Portfolio Manager

 

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