Vontobel - Les dividendes de la "paix" devraient profiter à de nombreuses entreprises européennes

24/06/2021 - source : Patrimoine 24

Les actions européennes sous-performent significativement par rapport aux valeurs américaines depuis la Crise financière mondiale. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Les performances de l’Europe et des Etats-Unis ont été longtemps alignées, avec pas moins de quatre décennies de croissance à un rythme similaire, qu’est-ce qui a donc changé ? Ce scénario peut-il s’inverser ?

De nombreux éléments plaident désormais en faveur d’une amélioration de la performance relative de l’Europe. De la Crise financière mondiale jusqu’à la fin 2019 (avant la pandémie), la sous-performance de l’Europe a reposé essentiellement sur une croissance des bénéfices plus faible, puisque les bénéfices de l’indice MSCI Europe ont reculé de 22,5%, tandis que ceux du S&P 500 ont progressé de 58,8%.1 Cet écart explique largement la sous-performance relative, même si les valorisations ont également joué un rôle.

L’indice a sensiblement évolué depuis 2008. Il dépend moins des banques, de l’énergie et des matériaux, mais affiche une exposition accrue à des acteurs des technologies et de la santé qui connaissent une croissance plus élevée et plus régulière. La prise en compte par les investisseurs de la meilleure qualité des entreprises et de la croissance plus rapide des bénéfices devrait entraîner un resserrement de l’écart de valorisation par rapport aux Etats-Unis. En outre, la position de leader ESG (qui se reflétera de plus en plus dans le prix des actions) et les réformes macroéconomiques engagées dans la région devraient soutenir les performances et les valorisations des entreprises européennes.

Sur le chemin de la renaissance

Si le COVID a plongé la région dans une crise humanitaire et économique, il a aussi mis l’Europe sur les rails d’une renaissance. Cette fois-ci, l’UE a reconnu la nécessité d’une action forte, associant les politiques budgétaire et monétaire. Les 12 derniers mois ont ainsi vu la naissance du fonds Next Generation EU (NGEU). Il s’agit du tout premier plan de relance et d’investissement financé par des obligations paneuropéennes. Doté de 750 milliards EUR, le fonds vise à investir dans des projets représentant 1.800 milliards €, soit environ 12% du PIB européen. Ce programme indispensable est à la fois ambitieux et novateur pour l’UE. Son objectif est de revitaliser les industries, de stimuler les investissements dans les secteurs des nouvelles technologies et des énergies renouvelables, et de rétablir la confiance au sein de l’UE.

Plus qu’un simple stimulus adopté en réponse à la récession actuelle, le NGEU, combiné à d’autres réformes mises en œuvre pendant et après la crise des subprimes et la crise de la dette européenne, devraient rendre les crises futures moins existentielles. Autre évolution positive, la composition des entreprises européennes. A l’époque de la crise de 2008, l’indice de référence européen était très différent de l’indice américain. Alors que l’indice américain était plus exposé à la croissance et à la technologie, son homologue européen accordait un poids plus important aux banques et aux secteurs « value ». De fait, la décennie écoulée s’est avérée favorable au premier et décevante pour le second.

La surperformance actuelle des valeurs décotées est en effet similaire au rebond de ces valeurs observé aux Etats-Unis, post-2008, sur fond de redressement de l’économie et des marchés locaux. Avec le retour de la confiance et l’apaisement des tensions politiques extrêmes, les dividendes de la « paix » devraient profiter à de nombreuses entreprises européennes et, si l’on se réfère aux Etats-Unis, la décennie qui a suivi les subprimes a été particulièrement favorable aux valeurs de croissance.

Amélioration attendue des bénéfices

Par rapport à l’époque de la Crise financière mondiale, l’indice MSCI Europe présente un visage bien différent. Cette évolution a deux causes : des années de sous-performance qui ont réduit le poids du segment « value », et l’arrivée sur les marchés européens de nouvelles entreprises appartenant à des segments plus dynamiques. On peut notamment citer, parmi de nombreuses autres, la fintech néerlandaise Adyen et le groupe mondial d’Internet grand public Prosus.

Si l’Europe reste à la traîne des Etats-Unis pour l’exposition aux technologies, ce secteur pèse désormais plus de 8% dans l’indice, contre seulement 3,5% avant la Crise financière mondiale (soit au 31 décembre 2007). De manière générale, l’Europe a accru son exposition aux entreprises à croissance rapide et de qualité, et offre désormais des pondérations plus équilibrées.

Les actions européennes peuvent-elles réellement surperformer leurs homologues américaines ?

Portés par la reprise post-COVID, des mesures de relance et des dépenses massives, les Etats-Unis tournent à plein régime. L’Europe, avec son fonds de relance et ses taux négatifs, fait pâle figure en comparaison. A court terme, cela devrait se traduire par une économie américaine plus dynamique. Or les dépenses américaines aideront les entreprises européennes, car nombre d’entre elles sont tributaires de la croissance mondiale. Il est toutefois important de garder à l’esprit que cela ne durera pas éternellement. La politique américaine n’est pas rectiligne et plusieurs voix s’inquiètent déjà d’un ratio dette/PIB plus élevé qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, époque de son précédent sommet historique. Une réforme fiscale, incluant une augmentation de l’impôt sur les sociétés, se profile déjà à l’horizon, et les dépenses de court terme dans les infrastructures et la reprise post-COVID pourraient ne durer qu’un temps. Dès que les Etats-Unis se montreront moins dépensiers, le reste du monde semblera relativement plus attrayant.

Et si l’inflation augmente ?

La faible inflation, qui pénalise de nombreuses entreprises européennes depuis 2008, pourrait toucher à sa fin. Tout comme les producteurs de matières premières, un large éventail d’entreprises européennes ont souffert de celle-ci. L’Europe possède de nombreuses grandes marques, dotées d’une longue histoire et d’un pouvoir de fixation des prix lorsque les coûts augmentent. Or ces augmentations de prix régulières ont disparu depuis la crise financière Pour les entreprises capables de répercuter la hausse des coûts sur le consommateur, voire un peu plus, un retour de l’inflation serait donc positif.

L’Europe, un leader de l’ESG

Soulignés par les notations externes et les investisseurs de différentes zones géographiques, les progrès de l’Europe en matière d’ESG sont remarquables. Cela compte, car les entreprises qui n’ont pas encore défini une approche claire des enjeux non financiers devront tôt ou tard accroître leurs investissements et adapter leurs processus. En outre, comme les investisseurs de diverses régions prennent désormais en compte d’autres indicateurs que les seuls paramètres financiers, les scores ESG se refléteront de plus en plus dans les valorisations. Les Etats-Unis n’ont réintégré l’Accord de Paris que le 19 février 2021. Pour atteindre les objectifs de cet accord, des changements majeurs sont nécessaires et le statu quo n’est pas envisageable. La prise en compte de ces coûts pourrait se traduire par des valorisations encore plus favorables aux actions européennes.

L’allocation en actions européennes semble incontournable

Tout n’est pas parfait en Europe. Mais on peut en dire autant des autres régions. Les problèmes qui ont pénalisé l’Europe au cours de la décennie écoulée devraient s’estomper à l’avenir. L’Europe constitue en quelque sorte une position à contre-courant si les investisseurs extrapolent à partir des douze dernières années, marquées par la surperformance des Etats-Unis. L’histoire à plus long terme, les changements fondamentaux intervenus récemment en Europe et l’appétit croissant des investisseurs pour les facteurs ESG suggèrent cependant que négliger l’Europe serait un mauvais pari financier.

Par Daniel Kansor, Portfolio Manager et Senior Research Analyst et Markus Hansen, Portfolio Manager et Senior Research Analyst

 

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